26.9.10

Notre rentrée

CôtéArrivés le vendredi 20, juste le temps de se poser un peu, de faire connaissance avec quelques magasins pour acheter le minimum vital comme ravitaillement et meubles, il faut déjà rentrer !
Le lundi 23, nous sommes allés au vice-rectorat pour avoir notre affectation. Nous avons choisi des postes dans le village de Tsoundzou (village de la commune de Mamoudzou, "capitale" de Mayotte), Jp à Tsoundzou II et moi à Tsoudzou I. Le jour de la pré-rentrée, JP découvre qu’il est sur un CP et moi sur un CM2 : une heure plus tard, avec l’accord du vice-rectorat et de l’inspectrice, nous interchangions nos postes. Nous sommes dans deux écoles séparées d’environ 1 km, à 5 km de la maison, mais nous n’évitons quand même pas la queue de l’embouteillage journalier occasionné par le trafic dû à l’embauche de la population à Mamoudzou, principal pôle d’emploi.
Donc, alors que nous mettons à peine 10 minutes en milieu de journée, il faut compter entre 20 et 30 minutes en période de pointe.
Mais, revenons à nos écoles, et là, il faut faire un bon en arrière d’environ 80 ans. Nous sommes tous les deux dans des écoles classées Zone d’Education prioritaire. Jp est dans une école de 28 classes. Il travaille en alternance une semaine le matin de 7h00 à 12h10 et une semaine l’après-midi de 12h25 à 17h35. Comme il n’y a que 14 salles de classes dans son école, deux collègues se partagent une salle. Eh oui !! trop d’élèves et pas assez de structures (Il faut savoir qu’à Mayotte, sur les 200 000 habitants, 65% ont moins de 17 ans) ! Donc, classe de CM2 avec 27 élèves dont certains ne maîtrisent pas complètement le déchiffrage. Et, oh, utopie, il devra quand même faire passer les évaluations nationales !!!!!! Quant à moi, je suis dans une école d’application de 21 classes. J’ai 24 charmantes petites têtes noires de 5 et 6 ans, la plupart ayant été scolarisés en GS, ce qui relève encore de l’exploit ici, mais tous ne maîtrisent pas la langue française, problème majeur ici dans les écoles.








Mon école, neuve et déjà taggée!
Rentrée trépidante et qui nous met tout de suite dans l’ambiance locale. En effet, nous n’avons dans les écoles aucun matériel. JP a eu un stylo rouge par enfant + une ramette de feuilles blanches, mais il a dans son école, une photocopieuse qui fonctionne, quelques manuels pédagogiques et des ordis, mais sans internet. Moi, j’ai la chance d’être dans des locaux neufs, mais dans la classe, il y a des tables, des chaises et des placards….vides. La photocopieuse est en panne depuis la rentrée et il n’y a aucun manuel pédagogique (pourtant, l’école existe depuis plusieurs années). Il y a une super salle informatique ultra moderne, mais aucun ordinateur en vue. Quant à la bibliothèque, aucun album en vue. Et pas de matériel pour les élèves non plus. Et ici, pas question de demander aux parents d’acheter quoi que ce soit. D’ailleurs, les enfants n’ont pas de cartables, ils ont un petit sac à dos dans lequel ils mettent un petit goûter. Pas question de leur donner de matériel à emporter à la maison car nous ne le reverrions pas, donc pas de devoirs non plus ! Alors, pourquoi pas de matériel bien que chaque classe ici soit dotée d’un budget de 800€ !

Cela semble être un problème récurrent à Mayotte, mais encore pire cette année. Jusqu’en 2007, les commandes étaient faites par le vice-rectorat, mais depuis 3 ans elles sont devenues la compétence des communes. Cependant, celles-ci ne tiennent pas compte des conseils du vice-rectorat et n’ont pas finalisé les fameuses commandes pourtant passées par les écoles en janvier. Total, elles vont être envoyées maintenant et nous aurons le matériel en… janvier…….peut-être !!!!!! Et bien, je peux vous dire que, sans matériel ni cahiers, il faut être inventif et faire appel au système D pour parvenir à faire quelque chose d’un peu construit. Bref, vous avez compris que c’est le gros bazar (et je reste polie !!). Vous comprenez maintenant pourquoi j’attends le container avec autant d’impatience !!!!







Aux récrés, ceux qui n'ont rien avalé depuis le matin ou à midi peuvent 
 acheter des friandises aux "mamas" pour 10 centimes à travers la grille de l'école.


À part cela, j’ai changé 5 fois de liste d’élèves depuis la rentrée. Le second jour, j’avais 48 élèves dans ma classe, une centaine de nouveaux CP arrivant de l’école de JP dans la nôtre. Depuis, j’en ai toujours eu 24 ou 25, avec des glissements de 4 ou 5 différents chaque jour. Mercredi dernier (8 septembre), l’inspectrice a imposé qu’une classe de CP primo-arrivants (enfants non francophones n’ayant jamais été scolarisés) soit créée, donc tout a encore basculé.

Depuis ce lundi 13, j’ai enfin mon effectif définitif. La tâche va être rude car non seulement le niveau est très très faible, mais les enfants ont aussi du mal à se concentrer ; ils ne sont pas habitués à être cadrés, à suivre des consignes, puisque dès tout-petits, ils sont livrés à eux-mêmes dans la rue. Alors, 5 heures par jour à l’école, c’est compliqué pour eux. En revanche, ils sont polis, respectueux et toujours d’humeur joyeuse. 
Donc, ici, on apprend vite à rester ZEN sinon on « pèterait vite les plombs ». On va dire que tout ceci fait partie du folklore local, et n’oublions pas que tout le système éducatif est à construire et qu’en France cela a pris près de 150 ans. En 15 ans, cela n’est déjà pas si mal. Je travaille donc du lundi au vendredi de 7h00 à 12h10, les élèves finissant à 11h10 les mardis et jeudis, ces deux heures étant réservées à ceux qui ont besoin de l’aide personnalisée.

Brigitte


 La cour de l'école de JP

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