25.4.12

Mayotte vue de Mada

Un peu de lecture avec cette carte postale de l'île aux parfums, écrite par un(e?) journaliste de L'express de Madagascar. Si tout n'y est pas, je trouve que ce qui est mentionné est juste et bien vu. Une précision tout de même: il n'y a jamais eu de RMI à Mayotte, seulement un RSA depuis peu au taux de 25 % par rapport à celui perçu en métropole. L'assistanat est donc encore timide. Quant à l'obtention de la nationalité française, c'est à 13 ans si la loi ne change pas que les nouveaux-nés d'aujourd'hui pourront y prétendre. Si les Comoriennes viennent si nombreuses accoucher ici, c'est aussi pour ne plus être expulsables.
Et le "mora mora" c'est la nonchalance, c'est quand il ne se passe rien même quand on a demandé quelque chose, toute une philosophie si c'était volontaire, et souvent énervant. (expression malgache) 

Mayotte, notre voisine française

Le plus jeune département français dans l'océan Indien garde encore tout son côté africain. L'ambiance est similaire à celle des villes de province de Madagascar, sauf que la monnaie en cours est l'euro. 
Caribou Maore. C'est l’inscription qui accueille en premier les voyageurs atterrissant à l'aéroport international de Dzaoudzi de Mayotte. Pas besoin d'un traducteur, surtout pas pour des Malgaches, pour deviner que la formule vous souhaite la bienvenue. De fait, cette expression est également utilisée dans certaines régions de la Grande île pour offrir l'hospitalité aux visiteurs. Un premier signe qui rappelle indiscutablement une histoire commune entre Madagascar et cette petite île située à plus de 350 kilomètres au nord-ouest de Mahajanga. 
Au bout de seulement une heure et demie d'avion au départ d'Antananarivo, on peut d'ailleurs s'attendre facilement à ce qu'il n'y ait pas un grand dépaysement.  Malgré tout, la présence des gendarmes super sérieux qui contrôlent les visas à la sortie de l'aéroport met en évidence que les visiteurs sont entrés dans un territoire français.  
Et puis première surprise : il pleut, beaucoup même, et il fait assez chaud, 25° Celsius.  Mais subitement, le soleil arrive à percer les nuages et tape très fort. Finalement, le climat très humide et chaud a beaucoup de ressemblance avec celui de l'Est de Madagascar. 
Mayotte est composée de deux îles principales : Petite terre  et Grande terre. La première, où se trouve l'aéroport de Dzaoudzi, est l'ancienne capitale. Elle abrite encore aujourd'hui des bâtiments administratifs, même si le bureau du Conseil général, la plus haute autorité locale, se trouve à Grande terre. 
L'ambiance et l'environnement à Petite terre sont nettement plus calmes, moins bruyants. Les ruelles étroites qui la sillonnent ressemblent beaucoup à celles de la France. Mais l'essentiel des activités économiques se trouve à Grande terre, laquelle héberge la commune de Mamoudzou, l'actuelle capitale de Mayotte.  
Les deux îles sont reliées toutes les demi-heures par des bacs. La traversée coûte 15 euros par voiture et 0,75 euro par personne, en partant de la Grande terre pour l'aller. Le voyage de retour est gratuit. 

Nids-de-poule
Beaucoup de gens habitant à Petite terre travaillent chaque jour à Grande terre. Ils prennent le bac tous les matins et rentrent par le même moyen de transport le soir. Ils laissent leurs voitures près des embarcadères qui se transforment alors en parkings géants, complètement désorganisés.  
Les bacs sont du même type que ceux qui font la liaison Mahajanga-Katsepy. Certains sont aménagés pour transporter à la fois des voyageurs et des véhicules, tandis que d'autres sont réservés aux voitures. 
Les traversées sont souvent tranquilles et durent environ une vingtaine de minutes. La mer qui sépare les deux îles est un immense lagon, protégé par des barrières coralliennes. Malgré tout, elle est assez fréquentée, notamment par de petites embarcations équipées de moteurs hors-bord en stationnement par centaines à Grande terre. 
La vie dans cette île est loin d'avoir la tranquillité de Petite terre. Les embouteillages et le brouhaha des commerçants accueillent les visiteurs dès la sortie de la zone d'embarquement des bacs. Le grand nombre de voitures, dont la plupart sont du dernier modèle, est sans doute un des rares signe de la longue présence de la France à Mayotte. Chose inattendue dans un département français, les rues sont truffées de nids-de-poule, et les automobilistes y roulent très vite.  
Grande terre est également la zone de cohabitation de toutes les nationalités, des cultures et des mode de vie. Mahorais, Comoriens, Malgaches, Français, et Africains sont autant de gens de différentes nationalités présents sur place.  
Les marchands informels de vêtements, de confiseries, ou de sandwiches, installés au bord de la route illustrent bien le côté africain de la ville de Mamodzou. Un hall géant, dont le toit est tapissé de panneaux solaires, abrite sans doute le plus grand marché couvert de Mayotte. On y vend des vêtements et des accessoires d'habillement. Les produits, pour la plupart des marques chinoises de bas de gamme et sans beaucoup de diversité, trônent sur les étals.

Un Mahorais n'est pas un Comorien
Un Mahorais refuse d'être assimilé à un Comorien. Il est avant tout Français. Physiquement, il n'y a pas de différence majeure entre les deux peuples, mais entre eux ils arrivent à se différencier.  Un étranger averti préfère d'abord prendre sa précaution en demandant à une personne s'il est Comorien ou Mahorais avant d'aller plus loin dans la conversation.
L'archipel des Comores se trouve à moins de 400 kilomè­tres de Mayotte. Beaucoup de Comoriens  viennent clandestinement dans ce département français pour y travailler. Il faut dire que la vitrine mahoraise attire du monde face à la pauvreté et le manque d'infrastructures aux Comores. 
Des réseaux de passeurs existent,  et il n'est pas rare que des femmes enceintes tentent la traversée pour pouvoir faire profiter à son enfant le droit de la terre à Mayotte. Il donne automatiquement la nationalité mahoraise, donc française, à ceux qui naissent sur le territoire. 

Une économie sous perfusion
Sur quoi se base principalement l'économie de Mayotte ? Difficile de répondre à la question, car il n'y a aucune ressource majeure sur l'île, constituée principalement de montagnes rocheuses couvertes de végétations luxuriantes. Le tourisme est peu développé, et il n'y a pas de ressources minières, ni d'agriculture et d'élevage. Tout y est importé. 
Beaucoup de Mahorais vivent des allocations attribuées par la métropole à travers le revenu minimum d'insertion (RMI). L'économie de Mayotte est donc finalement basée sur les services, une économie de consommation. Une forme d'assistanat qui a fini par changer le comportement des habitants au bout des années. 
De ce fait, Mayotte est aujourd'hui un des pays qui battent sans doute Madagascar en matière de « moramora ». C'est le côté le plus africain avec lequel la société mahoraise a du mal à se défaire. Le comportement agace les étrangers, même les Malgaches qui y sont pourtant habitués. 
À Mayotte, souvent il faut réveiller les commerçants endormis sous leurs étals pour pouvoir acheter quelque chose. Un caissier trouve encore le temps de papoter avec ses amis devant la longue file d'attente de clients. 

Chronologie historique de l'île
- 1832 : conquise par Andriantsoly, roi d'Iboina à Madagascar.
- 25 mars 1841 : établissement d'un protectorat ratifié le 13 juin 1843. Mayotte dépend administrativement du Gouverneur de La Réunion. 
- 25 juillet 1912 : annexion par la France. L'ensemble de l'archipel est sous dépendance administrative de Madagascar.
- Décembre 1974: c'est la seule île de l'archipel des Comores à voter au référendum pour conserver ses liens avec la France. Les autres îles déclarent leur indépendance. Le vote est de 63,8% en faveur de la conservation de ce lien, alors qu'il n'est que de 0,6% dans les autres îles (soit 99,4% contre). 
- 24 décembre 1976 : Mayotte confirme son premier vote et devient une collectivité territoriale. Si le droit français s'applique, le droit traditionnel musulman peut également y être appliqué, au gré des justiciables, par les tribunaux locaux présidés par les cadis. 
- 11 juillet 2001 : suite à une élection dont le résultat ne laisse aucun doute sur la volonté des Mahorais de rester français (73%), le statut de l'île a changé pour un statut assez proche de celui des départements d'outre-mer : une collectivité départementale d'outre-mer. 
Mahefa Rakotomalala
Mardi 24 avril 2012

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