31.5.12

"Délit de solidarité" à Mayotte


Suite de l'affaire du non-renouvellement de 2 professeurs déjà évoquée dans À la tête du client.
Pour l'instant, les 2 sanctions sont confirmées. Comme on dit ici:
Mayotte préfère les profs qui fayotent!
Le président du RESFIM (Réseau éducation sans frontières de l'île de Mayotte), Michel Rhin, est amer.
Pour nous, enseignants, comme pour tous ceux qui ont en charge une éducation, cette déclaration résonne comme une alerte face à la montée des intolérances et des extrémismes faciles.
À méditer d'urgence.


Faire don de soi. 
Partager ses savoirs. 
Développer l’esprit critique. 
Encourager l’ouverture au monde. 
Apprendre à vivre en communauté. 
Lutter contre les inégalités et l’injustice.


Pour toutes ces raisons, j’ai choisi un métier : enseignant.


Après quelques années en zone d’éducation prioritaire, j’ai découvert un magnifique territoire français où ces simples mots prenaient toute leur ampleur : Mayotte.


Cette vocation a alors dépassé les limites du simple cadre professionnel. Témoin impuissant de l’injustice et des abus de pouvoir, je n’ai eu d’autre choix que de rejoindre le Réseau d’Éducation Sans Frontières. J’ai défendu corps et âme les valeurs d’une république dont j’étais fier. Liberté, égalité, fraternité. Tout est là.


Doit-on accepter que des mineurs soient arrachés à leurs parents et expulsés d’un territoire où ils ont vu le jour, bafouant toutes les lois, et ne rien faire ? 
Peut-on être témoin de rafles nocturnes où les domiciles privés sont violés en toute illégalité et impunité par des forces de l’ordre au nom d’une politique inacceptable et ne rien dire ?


J’ai parlé, j’ai agi, je n’ai pas laissé faire.


Évidemment, même si cela soulageait parfois ma conscience, tout le monde n’a pas apprécié et ceux qui en avaient le pouvoir ont décidé de m’expulser à mon tour, de mon propre pays.


Je me suis tourné vers mes Pères. Certains n’ont pas compris, m’ont soutenu, se sont battus.


Je me suis tourné vers mon ministère, celui qui m’avait formé et enseigné les valeurs de l’école de la république. Il m’a abandonné.


Se ménager. 
Partager le minimum. 
Développer un esprit obéissant. 
Encourager le chacun pour soi. 
Apprendre à vivre au gré des gouvernements. 
Ne pas lutter.


Et surtout, se taire…


Voilà ce qu’est devenu mon métier.


Michel RHIN.

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