19.2.13

Les nuisibles

Insupportable
Glauque
Révoltant
Nauséeux

"Ce matin, une cinquantaine de villageois de Mzouazia a interdit l'entrée des écoles maternelles et primaires de la commune, aux enfants supposément nés de parents anjouanais et ils ont expulsé par eux-mêmes ceux qui étaient déjà en classe."

Juste une dépêche de trois lignes, relayée par un reportage filmé au journal du soir, où l'on apprend en plus que ces "justiciers" sont allés aux domiciles d'autres personnes en situation irrégulière pour les persuader de quitter la commune au plus vite, disons demain!
Le ton du reportage était à peine surpris par ce "fait divers".

Une chronique de la haine ordinaire, en quelque sorte...

On y a même vu le soi-disant premier magistrat de la commune "purificatrice" soutenir sans rire ce qui tomberait en métropole sous le coup d'un dépôt de plainte immédiat pour xénophobie avec voies de fait.
Comme prétexte invoqué, ces mauvais même-pas-citoyens sont responsables de toute l'insécurité qui règne dans la commune. Et ils ont l'air d'y croire.
Pauvre Mayotte!

Pendant ce temps, dans le chef-lieu, le maire, peut-être soutenu par son conseil, a donc décidé de mettre quelque 9000 élèves dans la rue pendant 3 jours pleins en fermant d'autorité 22 écoles de Mamoudzou qui ne respectent pas les normes d'hygiène et de sécurité dont il est lui-même garant et responsable.(voir ici)
Comme prétexte invoqué, l'état ne lui donne pas assez d'argent.
Dans quelques semaines, on risque d'apprendre que l'argent était bien là mais qu'il a été engouffré dans des opérations douteuses, si ce n'est de l'enrichissement personnel. Les présomptions de ce genre sont courantes et parfois avérées ici.
Pauvre Mayotte!

Dans les 2 cas, ce sont les enfants les victimes. Mais les enfants, ici, est-ce vraiment important?

L'air était déjà étouffant ces derniers temps, il risque de devenir irrespirable.

18.2.13

Les Vautours déplumés! (basket)

Trop dur pour eux.
Le club phare du basket mahorais n'a pas passé le cap des 32èmes de finale du trophée Coupe de France de basket.
Extrait de sportacaen d'aujourd'hui:
Basket. Caen 95 – 54 Labattoir (Mayotte), 32èmes de finale du Trophée Coupe de France. Le Caen Basket Calvados s'est qualifié facilement pour les 16èmes de finale du Trophée Coupe de France, samedi soir.
(...)
Soirée exotique au programme de ce samedi soir au Palais des Sports, puisque le CBC avait l'honneur de recevoir, pour les 32èmes de finale du Trophée Coupe de France, une équipe venant de Mayotte et évoluant en Régionale 1 : le Vautour Club de Labattoir. Les Mahorais s'étaient qualifiés pour ce rendez-vous en remportant la finale de la Coupe de France zone Océan Indien contre le BC Dionysien, un club de la Réunion.
Les Vautours de Labattoir (commune de Dzaoudzi-Labattoir en Petite-Terre) pourront néanmoins se consoler en revenant à Mayotte.
Ils viennent en effet d'être élus meilleure équipe masculine de l'année tous sports confondus et un de ses joueurs 2ème meilleur sportif de l'année, après un sondage organisé par un quotidien local.
Mais les sports collectifs mahorais n'arrivent toujours pas à rivaliser avec leurs homologues métropolitains. Question de moyens, donc d'organisation, d'installation, etc...

16.2.13

Diho: Mahorais blues

Revoilà Diho, artiste mahorais que j'avais déjà présenté ici pour un titre.
L'album est sorti il y a quelques mois, le 3ème, après "Safir"(voyageur?) et "Mahaɓa"(amour).
Il fait évoluer la musique mahoraise tout en conservant les sonorités d'instruments traditionnels (gabussi, dzenze).
Il appelle sa musique de l'afro-chigoma-pop-blues!
Le chigoma est un rythme (danse) traditionnel mahorais.

14.2.13

Des écoles hors norme

La presse locale s'émeut une nouvelle fois de l'état des écoles de Mayotte.
C'est bien mais ce sujet revient dans l'actualité tous les ans depuis..... disons 10 ans!
Alors, du nouveau? Ben non! Juste une piqûre de rappel.
Le gros titre en ce moment c'est:
À Mamoudzou, 22 des 38 écoles primaires ne sont pas aux normes d'hygiène et de sécurité.
En métropole, il y a longtemps qu'elles seraient fermées. D'ailleurs, l'auriez-vous crû, les élus locaux prévoient de fermer les 22 établissements incriminés durant une semaine en signe de mécontentement et pour clamer haut et fort que les enfants ne peuvent pas apprendre dans de pareilles conditions.
Si, si, vous ne rêvez pas!
Tout le monde sait que les écoles maternelles et élémentaires sont financées par les communes en France.
Mais Mayotte est-elle vraiment en France?
Ici, "on" pense que le responsable est l'état, et que s'il ne donne pas plus d'argent, ce sera lui le responsable! Ben voyons!
Et l'état, par la voix du préfet, de rétorquer qu'il a considérablement augmenté son aide qui était déjà fort conséquente! Na! Malgré cette aide, il dépense ici 2 fois moins par élève qu'en métropole alors que le PIB est 5 fois moins élevé.
Bref: on n'en sortira pas.
Il est vrai que les communes ne perçoivent pas encore le fruit des impôts, qui seront instaurés l'année prochaine. C'est la raison pour laquelle c'est l'état qui assure en grande partie le financement de ces équipements. Mais voilà, il voudrait bien savoir où passent les millions accordés dont on ne voit pas l'effet.
Sur les 195 écoles primaires du département, près de 150 devraient fermer!
Les établissements secondaires sont dans un bien meilleur état (sauf le lycée de Mamoudzou!) car beaucoup plus récents en général. Mais qu'en sera-t-il à l'avenir?
En attendant, dans nos écoles, les plus courageux des adultes se bouchent le nez pour aller dans les toilettes des élèves, les autres s'abstenant de 7h à midi ou de 12h30 à 8h.
Source: http://sebmel.over-blog.com
Les élèves évitent miraculeusement les trous, morceaux de ferraille rouillés, bordures acérées de béton, fils électriques dénudés "en principe" non alimentés, débris de verre cassé, pointes et coins de tôles qui dépassent, etc... dans les cours de récréation.
Dans les classes, c'est beaucoup moins dangereux, sauf quand une grille de néon ou un brasseur d'air (souvent en panne) tombe sur un élève!
C'est ce qui vient de se passer à Chirongui où les parents d'élèves ont fermé l'école et la mairie aussi!
Mais comme il faut bien paraître, l'adsl arrive peu à peu dans nos écoles (parfois sans ordis) et aussi paraît-il, mais là je demande à voir, des TBI!!!
Ils n'ont pas peur qu'ils tombent sur les élèves? 

11.2.13

Les Comores la nuit

Une image étonnante prise par un satellite, Suomi NPP, qui a ainsi photographié la planète entière.Voir ici le site de la NASA.
On distingue les îles de La Lune, autrement dit l'archipel des Comores. Elle date d'avril et octobre dernier, elle est donc récente.
Que peut-on encore voir dans ce montage de clichés?
Si on est optimiste, on dira que c'est beau.
Si on est réaliste, on peut dire que les Comores sont dans le noir, à part la capitale Moroni, en haut à gauche. Et que Mayotte est bien éclairée (et pourtant!), et là, on ne peut s'empêcher de comparer.
On peut légitimement imaginer que c'est le fruit de l'intégration de l'île aux parfums à la France pendant que les Comores indépendantes ont poursuivi leur chemin chaotique vers un développement hypothétique.
Et on comprend mieux que les Comoriens soient attirés par la lumière.
Bien sûr, la réalité est un peu plus complexe mais le symbole est là.

8.2.13

Ces mineurs qui minent Mayotte

Ça va mal à Mayotte.
On pourrait dire que ça continue, mais là, la situation devient critique.
Chaque jour se produisent des vols, agressions, incidents entre bandes rivales, etc...
L'insécurité est de tous les instants, de nuit comme de jour, en ville comme en brousse, et presque toujours, les auteurs sont des gamins qui n'ont peur de rien, qui sont capables de récidiver dans la journée au même endroit, de provoquer la police.
Lundi dernier, enième caillassage d'un bus entre collégiens rivaux de Passamaïnty et Tsoundzou. Leur "guerre" n'a jamais cessé, malgré la délocalisation des 6ème de Tsoundzou et la promesse d'un collège propre à ce village pour éviter de se frotter aux collégiens "ennemis" de Passam'city comme ils se nomment.
Bilan: 4 blessés et des élèves terrorisés, et la haine qui s'amplifie.
Le jour suivant, grève du transporteur, encore, qui avance une facture de 50000 € depuis le début.
Le weekend dernier, d'importants magasins cambriolés dans la principale zone commerciale de l'île, pour un préjudice estimé à 15000 €.
Lundi dernier encore, une croisière fait escale à Mamoudzou, comme tous les étés.
Les passagers en descendent pour visiter Mayotte mais certains choisissent de flâner dans les rues de Mamoudzou. Parmi eux, beaucoup de croisiéristes allemands, et un se fait agresser, un homme de 78 ans qui repart demain dans son pays, blessé et traumatisé. Il ne fait pas bon être touriste ici en ce moment!
Devant tous ces méfaits (on passe sur le quotidien des cambriolages et agressions), il y a eu comme une situation d'urgence et une série de réunions a été convoquée. Associations, instances officielles, partenaires sociaux, comités de quartier, c'est le branle-bas à tous les étages.
Le Procureur de la République, le défenseur des droits, le Préfet, la sous-préfète, tous interviennent.
Pas de quoi impressionner les auteurs qui sont mineurs et quand ils sont interpellés, savent très bien qu'après un rappel à la loi, ils seront relâchés. Et pourront reprendre leur commerce.
Alors que sortira-t-il de ces réunions?
Il y a urgence, depuis que tout le monde dit que les jeunes sont un problème, une bombe à retardement, que Mayotte est le plus grand orphelinat de France.
Un très bon article à lire ici par une très bonne journaliste, une vraie, dans Malango Actualités.
Le jour où les gens ne se laisseront plus faire, il y aura des morts.
Aujourd'hui encore, un cambrioleur a essayé de sévir dans notre cour. Par chance, il y avait du monde. La semaine dernière, il n'y avait personne, un appartement dévalisé!
À qui le tour?

7.2.13

Koulthouyoune et son bébé: à toi, à moi, à toi ...

Encore un triste exemple du traitement des sans-papiers à Mayotte.
Cette fois, c'est CHARLIE HEBDO qui s'y colle avec son "expulsé de la semaine".

Koulthouyoune enceinte : Mayotte et les Comores se refilent le bébé ! 

Koulthouyoune Combo est née à Mayotte le 29 décembre 1992, de parents comoriens sans papiers, installés sur l’île depuis plus de vingt ans.
 Le 10 janvier, alors qu’elle se rend au centre médical de Passamainty pour le suivi de sa grossesse, elle subit un contrôle d’identité et part immédiatement en rétention, au centre de Pamandzi.
 Le 12, elle est expulsée sans rien d’autre qu’un carnet de santé prouvant sa grossesse et sa propre déclaration de naissance vers Anjouan … où elle n’a jamais mis les pieds et ne connaît personne.
 Le 13 janvier, les autorités comoriennes, fortes d’un accord franco-comorien de mars 2011 déterminant les limites des expulsions de leurs ressortissants, décident de la renvoyer à ses expéditeurs, à Mayotte. Elle embarque sur le bateau qui lui a fait faire la traversée en sens inverse la veille, avec une note du commissaire comorien Youssef Ahmed Ali, justifiant son refoulement et rappelant à la France les limites des expulsions qu’elle a elle-même entérinées: «Non-séparation des familles, non-refoulement des personnes malades ou enfants scolarisés et la possibilité offerte aux personnes refoulées de récupérer leurs biens et effets personnels.» Koulthouyoune relève bien des premier et troisième items, et même du deuxième si l’on considère la fragilité inhérente à l’état de grossesse. 
Mais la police aux frontières mahoraise ne l’entend pas ainsi, et la préfecture décide de s’asseoir sur les accords franco-comoriens: à peine a-t-elle posé le pied sur le port de Dzaoudzi, à Mayotte, qu’elle est à nouveau interpellée et placée en zone d’attente… puis se retrouve à nouveau embarquée pour une autre traversée vers Anjouan. Elle est enceinte, enfermée et ballottée entre les deux pays, mais cela ne gêne pas outre mesure les autorités des deux côtés du bras de mer qui sépare Mayotte de la «Grande Île»…
 Le 15 janvier, les Comores renvoient la malheureuse Koulthouyoune, toujours munie de la même note, vers la France, qui s’empresse de retourner cet encombrant ballot à Anjouan, au mépris des conventions signées et de la plus élémentaire humanité! De guerre lasse, les Comores décident de garder Koulthouyoune… sans ressources, sans famille, sans soutien.
 
En l’espace d’une semaine, la jeune femme et son futur enfant auront subi trois expulsions, trois refoulements, six voyages en bateau et connu les conditions de vie infâmes du centre de rétention de Padmanzi et de la zone d’attente du port de Mutsamudu.
«Fermeté et humanité», martèle Valls… Fermeté, assurément. Acharnement, c’est certain. Quant à l’humanité… pas plus sous le soleil ultramarin qu’en métropole!
RESF

1.2.13

Sihame ne veut pas rentrer aux Comores

Une nageuse de l'équipe olympique des Comores n'est pas revenue dans son pays depuis les JO de Londres l'an dernier.

Rapidement éliminée lors des séries de qualification, elle s'est enfuie du village olympique.
Elle s'appelle Sihame Ali Ayouba, 18 ans, et elle est aujourd'hui incarcérée en Angleterre pour une peine de 8 mois de prison.
Elle a été condamnée après avoir été arrêtée à Douvres avec un faux passeport français en voulant rejoindre des membres de sa famille à Paris.
C'est un fait divers courant mais ce qui est intéressant, c'est la raison qui l'a poussée à fuir pour ne pas retourner dans son pays.
Elle a expliqué qu'à son retour, elle serait mariée de force à un homme de 60 ans qui a déjà 2 épouses, et qui aurait versé, en cas d'union, aux parents très pauvres de Sihame une dot très importante pour épouser une telle célébrité. Elle a ajouté qu'elle risquait maintenant des sévices (battue) et même la mort si elle y retournait. La justice anglaise a cru à son histoire, y a été sensible mais la détention de faux-papiers a été sanctionnée. On lui a expliqué qu'elle aurait dû demander l'asile politique.
Il lui reste 4 mois à effectuer mais pourrait être libérée prochainement et une procédure d'expulsion vers les Comores va être initiée dans les prochains jours.
Dans la religion musulmane, la polygamie est courante dans l'archipel, et à Mayotte où elle est officiellement interdite depuis 10 ans, on sait que les mariages arrangés se font encore, officieusement. Comme il est question d'argent, mariage arrangé signifie aussi forcé. Et là, le malaise grandit.
Les Mahorais, en voulant rester Français, ont certainement aussi voulu, en tous cas pour certaines, ne plus vouloir subir cette contrainte de leur religion.
Mais pour Sihame, la situation va rapidement devenir angoissante...
Source: www.kentonline.co.uk