12.4.13

Et Tromelin, alors?!


Eh oui! La question est d'importance!

Au moment où certains se demandent en métropole pourquoi Mayotte est française, en regard de ce qu'elle nous coûte et étant tellement différente de notre culture, on va discuter au Parlement français des autres petites îles de l'océan Indien, les si justement nommées îles Éparses.
Mais c'est quoi au juste ces cailloux?
Carte des îles Éparses, Ministère des Outremers
Et parmi ces confetti, il en est un à droite sur la carte au-dessus de La Réunion qui fait débat car il est question d'en abandonner une partie de notre souveraineté, bref de céder une partie de la France!
Et à qui? Aux Mauriciens!
Vous rendez-vous compte?
Mais voici la situation, exposée dans un article passionnant de Louis Imbert, du journal Le Monde d'hier 11 avril:

"Il était passé inaperçu au Sénat, l'îlot de Tromelin. Les sénateurs avaient ratifié sans débattre, en procédure simplifiée, un accord conclu en 2010, qui prévoit de partager une partie de l'administration de cette minuscule île française de l'océan Indien avec sa voisine, l'île Maurice, qui en revendique la souveraineté depuis son indépendance, en 1968.

L'île Tromelin, le 24 août 2012. | AFP/SOPHIE LAUTIER
L'Assemblée aurait probablement fait de même, jeudi 11 avril, si ce n'était l'esprit retors de Philippe Folliot, député UDI (centre) du Tarn. Passionné de confettis d'empire et compatriote tarnais de l'explorateur Jean-Louis Etienne, Folliot a repéré le nom de l'îlot dans les feuilles vertes où l'Assemblée égrène ses ordres du jour. Il s'est indigné. Allait-on brader un pan du territoire national ? Le ferait-on sans que les représentants du peuple n'en débattent ?
M. Folliot a écrit au président de l'Assemblée, Claude Bartolone. Il évoque"un grave précédent d'abandon de souveraineté". L'îlot est certes inhabité, reconnaît-il, mais son domaine maritime couvre environ 280 000 km2, soit un peu plus de la moitié de la France métropolitaine. Victoire pour M. Folliot : le texte a été reprogrammé en procédure régulière, avec débat possible à la clé. Dans le secret de la préfecture des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF, à laquelle Tromelin est rattachée depuis 2007), on sourit : les représentants du peuple s'intéressent aux confettis des antipodes.
ARCHÉOLOGUES POUR ÎLE DÉSERTE
Ledit morceau de terre est une langue de sable qui ne dépasse pas 1,5 km de long et 700 mètres de large, et culmine à 8 mètres d'altitude. Un récif de corail, trop proche des côtes pour former un lagon, interdit aux bateaux d'accoster. On arrive à Tromelin en avion militaire Transall ou par hélicoptère. On croise à terre des oiseaux couvant au sol (fous masqués à palmes noires ou à pieds rouges, frégates...), des tortues franches et vertes et des employés de Météo France. Trois employés, précisément, qui ont charge d'incarner la souveraineté nationale et de laisser passer les cyclones. En rondes quotidiennes autour de l'île, ils comptent aussi les œufs de tortue. Cela dure deux mois environ, avant qu'une autre équipe ne les relève.
L'accord de cogestion conclu avec Maurice a été d'abord évoqué par Jacques Chirac en 1999, puis repris par Nicolas Sarkozy en 2010. Il prévoit de partager la responsabilité de Tromelin en matière de protection de l'environnement. Ceci explique le comptage des œufs de tortues.
On fera également ensemble, sur l'îlot cogéré, de l'archéologie. Cette année déjà, que le député Folliot vote oui ou non, des archéologues mauriciens feront partie de la quatrième campagne de fouilles locales. Ils chercheront les tombes de 81 esclaves abandonnés ici en 1761. Leur négrier, L'Utile, avait fait naufrage. Les blancs s'étaient sauvés sur un radeau. Les esclaves étaient restés là quinze ans, jusqu'à ce que le chevalier de Tromelin, qui donnera son nom à l'île, vienne recueillir les derniers survivants : sept femmes et un enfant de quelques mois. Ils mangeaient des oiseaux de passage et des œufs de tortues. On ne sait pas encore comment ils s'abritaient du vent.
L'accord prévoit, surtout, de partager la zone économique exclusive (ZEE) attachée à l'île pour la pêche au thon. Ces eaux-là ne grouillent pas de thoniers, qui préfèrent croiser de l'autre côté de Madagascar, dans le canal du Mozambique, côté Afrique. Mais cela pourrait changer. Ainsi, l'esprit d'entreprise des pirates somaliens, qu'on a vu descendre jusque-là, pousse déjà les cargos faisant route vers l'Asie à passer du côté de Tromelin.
Déjà, en 2009, on avait parlé de l'île à l'Assemblée, et de ses sœurs, les Éparses. Les budgets de la défense se réduisaient. L'armée voulait abandonner ces bouts de terre, qu'elle seule relie au monde. Elle y déploie quatorze militaires et un gendarme basés de façon permanente sur trois îles du canal du Mozambique (Glorieuses, Juan de Nova et Europa). Ses navires et ses avions Transall assurent la logistique, dont le coût global annuel était de 6,3 millions d'euros en 2009. Au dernier moment, les fonds n'avaient pas été coupés. Mais Philippe Foliot, secrétaire de la commission parlementaire défense, le sait : le nouveau livre blanc, attendu pour cet été, pourrait forcer à défendre de nouveau les confettis, certains aux eaux possiblement pétrolifères."
Nous y voilà: on parle beaucoup de pétrole et de gaz dans la région. Mayotte a été sondée et il paraîtrait que les Comores auraient au large de leurs côtes d'importantes réserves d'or noir.
Outre des bases logistiques éventuelles (mais pour quoi faire?), des réserves poissonneuses, ces îles pourraient donc receler des richesses?
Les mirages, c'est dans le désert, non?

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